Le système immunitaire II

Le système immunitaire adaptatif

Nous commençons maintenant notre deuxième épisode sur le système immunitaire. La semaine dernière, nous avions parlé du système immunitaire inné, correspondant à la réponse rapide que le corps possède afin d’éliminer une menace. Aujourd’hui nous allons aborder le système immunitaire adaptatif, qui est une réponse beaucoup plus lente mais bien plus efficace. Les années d’évolution ont permit au système adaptatif de devenir plus spécifique face à la menace présentée, permettant d’attaquer les pathogènes en utilisant leurs faiblesses.

Notre corps allait très mal quand on l’a laissé la semaine dernière: notre peau était compromise et infectée, et les leucocytes étaient incapables de tuer les pathogènes, qui arrivaient dangereusement vers le sang. C’est là que la cellule dendritique est partie chercher du renfort, non sans avoir pris son antigène. Les renforts se trouvent dans des hubs du système immunitaire appelés des ganglions lymphatiques. Ces structures se trouvent partout dans notre corps, et contiennent un type de leucocyte très spécifique: des lymphocytes. Les lymphocytes sont les poids lourds du système immunitaire, mais ils ont besoin d’être activés avant tout. Une fois dans le ganglion lymphatique le plus proche du site d’infection, la cellule dendritique va présenter l’antigène à tous les lymphocytes. La plupart ne vont pas le reconnaître et ne rien faire. Cependant, certains lymphocytes vont être capable de reconnaître l’antigène, ce qui va les activer et les faire se multiplier en grand nombre, ce qui va enfler le ganglion lymphatique. C’est pour cette raison que le docteur palpe la gorge en cas d’angine: les ganglions lymphatiques peuvent être sentis, et s’ils sont enflés cela indique une infection. Les lymphocytes sont maintenant activés et prêt à l’attaque. Pour mieux comprendre le système immunitaire adaptatif, je vais présenter les différents types de lymphocytes un par un et expliquer leurs rôles [source / source / source].

Les lymphocytes B: les tireurs d’élite du système immunitaire

Nous parlerons d’abord des cellules B. Elles possèdent un récepteur appelé le récepteur de cellule B (BCR), qui leur permettent de reconnaître les antigènes. Une fois activées et sur le site d’infection, la cellule B peut faire deux choses: d’abord, elle peut phagocyter le pathogène et comme une cellule dendritique, elle ira vers un autre ganglion lymphatique pour ramener du renfort si besoin est. Mais leur rôle le plus important est de devenir un plasmocyte, capable de produire des anticorps. Les anticorps (aussi appelés immunoglobulines si vous voulez impressionner en soirée) sont des protéines avec la même spécificité que le BCR, ce qui veut dire que les anticorps peuvent s’attacher aux pathogènes. Les plasmocytes vont produire énormément d’anticorps, et ils vont s’attacher aux pathogènes, empêchant leur mouvement, les piégeant sur place. Cela permet aux macrophages de les phagocyter plus facilement. Les anticorps et cellules B s’occupent de l’immunité humorale: ils protègent le sang et les tissus des pathogènes qui n’entrent pas dans les cellules, aussi appelés pathogènes extracellulaires [source / source / source].

Les lymphocytes T CD8: les soldats du système immunitaire

Les lymphocytes sont composés d’une part de cellule B, et d’autre part de cellules T. Celles-ci possèdent le récepteur de cellule T (TCR) qui leur permet de reconnaître l’antigène et de s’activer et se multiplier. Les cellules T ont également un autre récepteur: soit CD8 ou CD4. Nous allons d’Abord parler des lymphocytes T CD8, aussi appelés lymphocytes cytotoxiques. Une fois sur le lieu d’infection, les lymphocytes cytotoxiques vont s’attacher aux cellules infectées, et soit créer des trous dans leur membranes, à la manière des cellules NK, soit forcer un mécanisme appelé l’apoptose, une forme de suicide programmé. Nous parlerons de l’apoptose en plus grand détail dans un autre article, mais le résultat est clair: la cellule infectée va imploser et mourir. Les cellules cytotoxiques s’occupent de l’immunité cellulaire: leur but est de protéger les cellules non-infectées en éliminant les cellules infectées. Elles fonctionnent particulièrement bien contre les pathogènes qui vivent dans les cellules, soit les pathogènes intracellulaires.

Les lymphocytes T CD4: les maîtres tacticiens

Les cellules T CD4, aussi appelées lymphocytes auxiliaires, sont activés de la même façon que les lymphocytes cytotoxiques. Cependant, leur rôle est différent: ce sont des régulateurs de la réponse immunitaire. Une fois activé et sur le lieu d’infection, le lymphocyte auxiliaire est capable de déterminer la meilleure façon d’attaquer le pathogène. Si nous sommes attaqués par un virus par exemple, le lymphocyte auxiliaire va voir que nous sommes attaqués pare un pathogène intracellulaire, et va rendre les lymphocytes cytotoxiques plus fort, alors que les cellules B resteront un peu à l’écart. L’inverse est vrai: en cas d’attaque de pathogène extracellulaire, les lymphocytes cytotoxiques deviendront moins forts alors que les plasmocytes produiront encore plus d’anticorps. Les lymphocytes auxiliaires vont d’abord devenir plus spécifiques: en cas d’attaques de pathogènes extracellulaires, ils deviennent des lymphocytes auxiliaires Th2, et en cas d’attaque de pathogènes intracellulaires, ils deviennent des lymphocytes auxiliaires Th1. Chaque sous-type de lymphocyte auxiliaire va produire des cytokines plus aptes à faire face à la menace. Il existe plein d’autre sous-type de lymphocyte auxiliaire, dont un qui sera mentionné la semaine prochaine. De plus, plusieurs sous-types peuvent exister simultanément, selon le pathogène. Les lymphocytes auxiliaires sont en grande partie responsable de la force de l’immunité adaptative: ils font en sorte que le corps s’adapte à la menace afin de mieux la combattre.

Les systèmes immunitaires inné et adapté sont à la base de toutes les réponses immunitaires, et ils ont chacun des rôles très spécifiques. Le système immunitaire inné est très rapide et stéréotypé, il agit de la même façon quelle que soit la menace, ce qui permet une suppression rapide des pathogènes plus faibles. Le système immunitaire adapté est plus lent, mais spécifique à la menace. Si le pathogène est plus fort, il va s’adapter et trouver ses faiblesses pour mieux le supprimer. Ces deux systèmes sont également interconnectés: la réponse adaptative ne peut pas commencer sans l’aide de la réponse innée, et pendant une réponse adaptative, les acteurs de la réponse innée, notamment les macrophages, sont encore actifs. Malheureusement, ce système n’est pas aussi parfait qu’il ne le semble, sinon personne ne serait malade. Beaucoup de pathogènes sont capables d’utiliser la réponse adaptative à leur avantage, et nous verrons un exemple dans quelques semaines. La semaine prochaine, nous étudierons les conséquences de la réponse immunitaire. Notre corps a gagné et le pathogène est détruit: comment calme-t-on le système immunitaire pour empêcher des dommages? et plus important encore, comment peut-on faire en sorte que la prochaine fois que nous rencontrons ce pathogène, nous le détruirons plus vite?

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